En tant que consultante du sommeil certifiée, j’entends souvent le mot « régression » utilisé à toutes les sauces. Essentiellement, si un bébé ne dort pas bien pour quelques nuits, les parents commencent à parler de régression. Certaines personnes croient qu’un enfant passe par des périodes de régression à huit mois, à neuf mois, à un an, lorsqu’il perce ses dents, durant sa poussée de croissance et j’en passe. D’autres parents perçoivent ces périodes comme de petits contretemps qui sont causés par des circonstances atténuantes.
La seule exception est la période de régression à quatre mois – tout le monde est d’accord que cette période est bel et bien régressive.
Afin de mieux comprendre ce qui se passe chez votre enfant durant cette étape, vous devez d’abord comprendre quelques trucs de base à propos du sommeil.
Plusieurs d’entre nous voient le sommeil comme une situation active ou inactive ; soit vous êtes réveillé, soit vous êtes endormi. Par contre, le sommeil comprend plusieurs phases qui forment le « cycle du sommeil » ; nous passons à travers ce cycle plusieurs fois par nuit.
• La première phase est la phase que nous connaissons tous très bien, celle où nous sommes endormis, mais pas complètement. Si votre douce moitié s’endort souvent en regardant la télé, mais dès que vous lui reprochez, il ou elle vous répond qu’il ou elle ne dormait pas, vous savez exactement de quoi je parle.
• La deuxième phase, considérée comme la première phase de « vrai sommeil », est lorsque les gens réalisent qu’ils étaient bel et bien endormis après s’être réveillés. Pour ceux qui aiment prendre des « siestes éclaires », vous ne voulez pas aller plus loin dans votre cycle de sommeil, sinon, votre réveil sera plus pénible.
• La troisième phase est plus profonde et régénératrice. Aussi nommée la phase de sommeil lent profond, c’est durant cette phase que le corps répare et régénère son système immunitaire, ses tissus musculaires et ses réserves d’énergie, en plus de favoriser sa croissance et son développement.
• La quatrième phase est la phase du sommeil paradoxal (ou sommeil REM). C’est durant cette phase que le cerveau commence à s’activer et consolider les informations et les souvenirs de la journée. En général, c’est aussi durant la phase du sommeil paradoxal que nous rêvons.
Après avoir passé un cycle complet, notre corps se réveille ou s’approche du réveil, pour ensuite recommencer jusqu’à ce que notre réveille-matin sonne.
Donc, quel est le rapport entre le cycle du sommeil et la régression du sommeil ?
En fait, les nouveau-nés ont seulement deux phases de sommeil : la troisième et la quatrième phase. Leur cycle du sommeil se situe donc entre le sommeil lent profond et le sommeil paradoxal. Par contre, lorsqu’ils passent le cap des trois ou quatre mois, leur cycle se complète pour ajouter les deux premières phases, soit le cycle normal qu’ils utiliseront pour le reste de leur vie.
Durant cette période de transition, l’enfant passe de 50 % de son cycle dans la phase du sommeil paradoxal à 25 %, afin de faire de la place pour les deux premières phases. Donc, même si le sommeil paradoxal du bébé est léger, il n’est pas aussi léger que les deux premières nouvelles phases. Puisque le bébé passe plus de temps dans des phases de sommeil léger, les chances qu’il se réveille sont plus élevées.
Cela ne veut pas dire que nous ne voulons pas réveiller le bébé. Durant un cycle normal du sommeil, le réveil est absolument naturel et nous pouvons nous réveiller plusieurs fois par nuit durant l’âge adulte.
Par contre, en tant qu’adultes, nous sommes capables de trouver des points de repère qui ne sont pas aussi évidemment pour un bébé. Lorsque nous nous réveillons la nuit, notre voix interne peut nous raisonner en disant : « Je suis dans mon lit, c’est la nuit, mon réveille-matin ne va pas sonner pour un autre trois heures et je suis pas mal certain(e) qu’il n’y a pas de monstres sous mon lit. Je peux me rendormir ».
Comme par magie, nous nous rendormons. De plus, le matin venu, il arrive souvent que nous ne nous rappelions même pas de cet épisode.
Cependant, un bébé de quatre mois n’a pas ces mêmes habiletés de pensée critique. Pour un bébé de quatre mois qui s’est endormi dans les bras de sa mère, son raisonnement pourrait plutôt ressembler à ceci : « Bon, la dernière chose dont je me souviens, c’est d’être proche de ma maman, d’être en train de manger et d’entendre quelqu’un me chanter une chanson douce. Maintenant, je suis seul dans une chambre noire, je n’ai pas de nourriture proche et il doit avoir au moins trois ou quatre monstres sous mon lit ».
C’est probablement une exagération, mais d’un autre côté, il est difficile de savoir ce qui se passe vraiment dans la tête d’un bébé de quatre mois !
Bref, maintenant que l’enfant réalise brusquement que sa mère n’est pas près de lui et qu’il ne sait pas exactement où elle est, sa réponse naturelle est de paniquer un peu. Cette situation stimule une réaction d’alarme et soudainement, le bébé ne peut pas se rendormir sans être rassuré.
Un autre facteur important de cette étape de régression est que jusqu’à ce moment, les parents endorment leur bébé avec une sucette, en le berçant ou en l’allaitant, ou encore en utilisant une technique similaire qui aide l’enfant à s’endormir.
Maintenant que le bébé a le sommeil plus léger et que les chances qu’il se réveille sont élevées, ces accessoires pour l’aider à s’endormir deviennent encore plus problématiques. Bien que ces accessoires puissent sembler pratiques au départ pour endormir votre enfant, lorsque votre bébé se réveille et qu’il se rend compte qu’ils ne sont plus là, il n’est plus capable de se rendormir sans votre aide. Il va donc paniquer et se mettre à pleurer. Lorsque cette situation se présente toute les 30 minutes, les parents peuvent se sentir comme s’ils vivent un cauchemar.
La bonne nouvelle pour tous ceux qui passent à travers la fameuse phase de régression du sommeil à quatre mois est qu’il ne s’agit pas vraiment d’une régression. Une régression se définit comme étant « un retour à un niveau mental ou comportemental antérieur » - dans le cas de votre bébé, c’est exactement le contraire de ce qu’il vit. Il s’agit donc plutôt d’une période de « progression du sommeil à quatre mois ». Cette période fait donc tout simplement partie du développement naturel de l’enfant.
Voici donc la question que vous attendiez tous avec impatience : que pouvez-vous faire pour aider votre enfant durant cette période ?
Premièrement, assurez-vous que la chambre de votre bébé est complètement noire. Peut-être que vous pensez que la chambre est déjà assez sombre, ou que votre bébé n’aime pas le noir et qu’un peu de lumière peut être réconfortante.
Je vous arrête tout de suite – ce n’est pas le cas.
La chambre de votre bébé devrait être aussi sombre qu’une nuit sans lune. Placez des sacs de poubelle par-dessus les fenêtres ou couvrez-les avec du papier aluminium. Ce n’est pas joli, mais c’est efficace.
Les nouveau-nés et les nourrissons n’ont pas peur du noir. Par contre, ils sont sensibles à la lumière. Puisque la lumière signale à leur cerveau qu’il est temps d’être alerte, leur cerveau sécrète des hormones à cet effet. Il faut donc que la chambre du bébé soit complètement noire pour les siestes et le coucher.
L’autre problème qui affecte le sommeil durant le jour (et la nuit, quoique moins souvent) est le bruit. Que ce soit le facteur qui sonne à la porte, le chien qui aboie parce qu’il a vu un écureuil dans la cour, ou quelque chose qui tombe à l’autre bout de la maison – puisque l’enfant a le sommeil léger, les bruits peuvent le réveiller facilement. C’est pourquoi je recommande d’ajouter une machine qui émet des bruits de fond dans la chambre du bébé.
Peut-être que vous vous dites : « Ce n’est pas un accessoire de sommeil, ça ? » La réponse est oui, mais c’est un accessoire qui fonctionne complètement indépendamment de vous et de votre enfant. La machine fonctionne pour l’aider à dormir et c’est tout.
La routine du coucher est aussi un élément essentiel pour permettre à votre bébé de bien dormir. Essayez de maintenir une routine qui comporte quatre à cinq étapes et qui ne se termine pas en nourrissant l’enfant. Sinon, votre bébé risque de s’endormir pendant l’allaitement ou l’heure du biberon et il pourrait associer ce moment à l’heure du coucher.
Essayez de nourrir votre enfant au début de la routine du coucher afin de terminer avec une comptine ou une histoire, pour ensuite le changer. Ce processus devrait durer environ 20 à 30 minutes et vous devriez poser votre enfant dans son berceau lorsqu’il est encore réveillé.
Si vous remarquez que votre bébé chigne avant l’heure du coucher, vous avez peut-être attendu trop longtemps. Les bébés de quatre mois devraient faire une sieste environ toutes les deux heures et se coucher pour la nuit vers 19 h ou 20 h chaque soir.
Cela dit, si votre bébé se réveille durant la nuit (ce qui est très probable), donnez-lui environ 10 minutes avant d’aller le voir. Je sais que c’est difficile, surtout s’il pleure, mais donnez-lui une chance de se rendormir seul. S’il continue de chigner après 10 minutes, allez le voir et vérifier s’il a faim. Par contre, rappelez-vous : ne nourrissez pas votre enfant pour l’endormir ! Assurez-vous que votre bébé reste éveillé, peu importe comment vous devez vous y prendre.
Je tiens à vous dire qu’il va y avoir de réelles régressions au courant du développement de votre enfant. Un voyage, une maladie, une nouvelle dent qui pousse – ce sont tous des exemples qui pourraient avoir une incidence sur le sommeil de votre enfant. Mais lorsqu’on parle de la « période de progression du sommeil à quatre mois », rassurez-vous : cette période se produit une seule fois. Un coup passé, votre bébé entrera dans le cycle de sommeil qu’il utilisera toute sa vie, soit quatre phases de sommeil qui se répètent jusqu’au réveil.
En prenant le temps d’enseigner à votre enfant les aptitudes dont il a besoin pour bien dormir de façon indépendante, sans accessoires, surtout sans avoir besoin de se faire cajoler ou bercer, vous allez lui donner le plus beau des cadeaux.
Certains enfants vont s’adapter à cette nouvelle routine quasi automatiquement, tandis que d’autres auront plus de difficulté. Si votre bébé tombe dans la première catégorie, estimez-vous chanceux et profitez-en au maximum.
Pour tous ceux qui tombent dans la deuxième catégorie, je suis là pour vous. Consultez mon site web ou donnez-moi un coup de fil et nous pourrons travailler ensemble afin de bâtir un programme personnalisé pour votre enfant. La chose que j’entends le plus souvent de mes clients : « Je ne peux pas croire que j’ai attendu si longtemps pour aller chercher de l’aide ! » Alors si vous envisagez d’embaucher une consultante, c’est maintenant votre tour de vous lancer. J’offre une consultation gratuite de 15 minutes, afin de mieux connaitre la situation de votre enfant. Réservez votre consultation dès maintenant et nous pourrons aller de l’avant dès que vous êtes prêts !
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